Coronavirus et confinement : comment lutter contre l’angoisse
Confinement, nombre de cas qui se multiplient, discours alarmistes… Pas facile de gérer les informations et la situation inédite à laquelle nous sommes confrontés aujourd’hui. Même si on tente de se raisonner l’angoisse peut prendre le dessus. Voici quelques conseils pour ne pas céder à la panique lorsqu’on est enfermé chez soi.
Fermeture des lieux publics, mesures de confinement, pertes de contact avec le monde extérieur… La situation que vit actuellement la France et même le monde entier est inédite. Comme si la peur d’être malade ne suffisait pas, une grande partie du pays est maintenant confinée chez elle, car rappelons le : c’est la meilleure chose que nous puissions faire pour réduire le nombre de cas et permettre aux professionnels de santé de gérer au mieux cette pandémie.
Pas facile tout de même de chasser l’angoisse et penser à autre chose quand on est enfermé chez soi d’autant plus qu’on ne sait pas quand la situation prendra fin. “Le problème dans ce cas, c’est que l’ennemi est invisible, explique Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne. On ressent une forme d’impuissance parce que lorsqu’une situation nous menace on a besoin d’agir pour y remédier. Or là, la meilleure solution pour combattre c’est précisément de ne rien faire. C’est assez paradoxal et contre-intuitif car la passivité est souvent source d’anxiété.” L’acceptation de cette situation et le lâcher prise sont, selon notre interlocutrice, les meilleures stratégies. Mais plus facile à dire qu’à faire.
Vous pouvez agir
Cette impossibilité à agir est peut-être ce qui a poussé certains à se précipiter dans les supermarchés pour faire des stocks en cas de confinement. “On peut croire à des réflexes de l’ordre de l’instinct de survie quasi primitif”, s’interroge la psychologue. Pourtant, les messages donnés par le gouvernement sont claires, si tout est fait raisonnablement, il n’y a aucun risque de pénurie, l’industrie alimentaire continue de fonctionner et les lieux de ventes de denrées alimentaires continuent d’être approvisionnés.
Les messages d’alerte donnés dans les médias par les spécialistes attestant de la gravité de la situation notamment depuis l’accélération des mesures de confinement ajoutent également à l’angoisse générale, mais il est important de les comprendre correctement. “Le virus n’a pas changé sa façon de se propager, il ne circule pas dans l’air, explique Johanna Rozenblum. En étant alerte et avec un discours d’urgence et du registre de la guerre, le gouvernement et les professionnels de santé espèrent nous mettre l’électrochoc qui permettra de nous faire comprendre que nous sommes bien les seuls à pouvoir agir, à stopper les comportements qui favorisent la propagation du virus”.
Car la situation n’est pas sans solution. On peut agir contre le Covid-19. “On peut donc être acteur on adoptant les gestes barrières, rester chez soi, se laver les mains régulièrement, les apprendre aux enfants et à ses proches”, explique la spécialiste. On peut également mettre en place une aide pour aider son voisinage qui ne peut pas aller faire ses courses, par exemple. Se rendre utile aux autres.
Et si on ne peut pas s’empêcher d’angoisser ?
Et si cela ne suffit pas ? Si malgré le raisonnement on n’y arrive pas et que la peur nous prend ?
Pour limiter ce qui nous pousse à broyer du noir, il faut de l’action : appeler un ami, faire du sport, regarder un film ou encore lire un livre. Faire n’importe quoi qui permette de déloger les pensées noires. “Pour les personnes anxieuses comme pour les autres, on gère aussi l’afflux d’l’informations, conseille notre interlocutrice. On ne tape pas ses symptômes sur internet, on s’informe une heure pas plus et on choisit un seul média pour le faire. Le croisement et la multiplication des infos contradictoires et des fake news ajoutant à l’angoisse”. Des recommandations que donnent également l’Organisation Mondiale de la Santé dans son guide pour préserver sa santé mentale en cas de confinement. “Concentrez vous plutôt sur des informations positives comme les témoignages de personnes qui ont guéri”, conseillent les experts.
Crise d’angoisse et coronavirus : comment les calmer
En cas d’attaque de panique : “Les attaques de paniques sont souvent impressionnantes, explique la psychologue. On a du mal à respirer, on peut avoir l’impression de faire une crise cardiaque avec la peur de mourir. Généralement ce type de crise ne dure pas plus de 20 minutes. Rassurez-vous, allongez-vous et attendez que la crise passe. Une fois la bouffée anxieuse passée essayez d’appeler un ami qui saura vous rassurer, votre médecin traitant ou votre psy afin de discuter des émotions qui vous ont submergées.
En cas de crise d’angoisse "modérée" : celles-ci sont moins violentes mais peuvent durer plus longtemps. “L'objectif ici sera de sortir de ses pensées noires qui tournent en boucle et nous conduisent à ruminer. Pour stopper les ruminations il faut se changer les idées par l’action : activité physique, cuisine, appel vidéo avec un proche… tout est bon à condition que vous vous décrochiez de ses pensées dysfonctionnelles sources de stress."
Dépressif, hypocondriaque, anxieux...Comment gérer le confinement ?
Certaines personnes risquent d’être plus en proie à un effet de panique que les autres face à ce contexte de confinement, notamment les personnes âgées isolées, les patients avec antécédents de troubles psychiques, avec un trouble anxieux généralisé, les hypocondriaques ou les personnes traversant un épisode dépressifs. Dans ce cas “il faut essayer de repérer les pensées et les situations qui accentuent nos troubles, conseille Johanna Rozenblum, tout ce qui alimente notre état ruminant ou dépressif”. Les conseils sont les mêmes que pour les autres, faire de l’exercice, des activités, ne pas se couper socialement des autres et ne pas rester toute la journée devant les informations.
Pour les personnes atteintes de troubles psychologiques ou psychiatriques, “il ne faut surtout pas arrêter son traitement. Les ordonnances continuent d’être délivrées par les médecins via téléconsultation, mails ou téléphone et les pharmacies fournissent les médicaments sur présentation des anciennes ordonnances. En cas d’urgence il faut contacter son médecin.”
A l’inverse, “ne pas s’auto-médiquer non plus”. On respecte les doses prescrites par les spécialistes. “Moins bouger et rester replié sur soi peut occasionner des douleurs musculaires ou somatiques, il ne faut pas tout prendre au pied de la lettre et se jeter sur les médicaments”, prévient la spécialiste.
Essayez de voir du positif
Même si la situation inédite à laquelle nous sommes confrontés paraît angoissante, la passivité et l’impression de ne pouvoir rien faire alimentent l’angoisse qui nous paralyse à son tour, alors ne laissez pas ce cercle vicieux s’installer. Créez une routine simple, essayer de voir le positif qui peut se tirer de cette situation. “Beaucoup de patients dans mon cabinet se plaignent souvent de ne pas avoir le temps et de passer à côté de beaucoup de choses, confie la psychologue. C’est l’occasion de le prendre, même si le contexte est difficile. Appelez des gens, privilégiez les moyens de communications verbaux plutôt que les messages, gardez contact, dites leur que vous les aimez, lisez, passez du temps avec les proches qui sont chez vous.”
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